Il a fresqué en prison

Le milieu carcéral est un univers auquel on ne penserait pas forcément au premier abord pour animer l’atelier. Pourtant, Alexis l’a fait, il a reçu un super accueil des participants, en ressort grandi et encore plus motivé !

Tout a commencé avec une newsletter de Make Sense

Alexis découvre l’association Champ Libre qui intervient en milieux fermés, à savoir en prison et en hôpital psychiatrique. L’association intervient dans une dizaine d’établissements en Île-de-France. Des bénévoles partagent ainsi leurs savoirs et leurs passions autour de conférences et d’ateliers de toute nature : musique, histoire, sciences, sport, etc.

Alexis est curieux de cet univers assez méconnu. Il se dit : et pourquoi pas ? Ni une ni deux, il les contacte. En mûrissant son projet, il opte pour un atelier de la Fresque du Climat. Il a à cœur de permettre à des publics éloignés de ce sujet d’y avoir accès. C’est une opportunité de le faire. 

Champ Libre lui fait tout de suite confiance alors qu’ils ne connaissaient pas la Fresque du Climat. Alexis se lance alors dans l’organisation d’un cycle à la maison d’arrêt de Bois d’Arcy. Elle comprend 800 hommes incarcérés et est située dans les Yvelines, en Île-de-France. 

La préparation : le choix de faire comme d’habitude

Champ Libre a l’habitude de proposer un cycle de 4 ateliers aux détenus. Qu’à cela ne tienne, il propose à des Fresqu’amies d’intervenir durant les 3 autres créneaux : la Fresque de la Renaissance Écologique, la Fresque Océane et la Fresque de la Biodiversité. Il coordonne les agendas, prévient l’établissement carcéral de l’identité des animateurs et animatrices et obtient l’accord pour amener le matériel : stylos, jeu, paperboard…

En préparant la Fresque, Alexis échange avec les trois autres intervenantes. Ils se posent quelques questions : doit-on changer nos habitudes ? Doit-on adapter dès à présent l’atelier ? S’habiller différemment ? Alexis discute aussi avec Fred, fresqueur, qui a déjà animé en milieu carcéral et qui lui partage son expérience personnelle. Ils choisissent de ne pas se laisser embarquer par leurs préjugés. “Au final, on l’a fait de façon classique !” 

Tous les bénévoles de Champ Libre suivent une formation de 2h sur le fonctionnement du milieu carcéral afin de déconstruire quelques idées préconçues. Une bénévole aguerrie accompagne aussi chaque nouveau bénévole. Ici, ce sera Sophie. Elle connaît bien l’établissement et met rapidement à l’aise Alexis.

Comment les détenus s’inscrivent-ils ?

Champ Libre a envoyé le programme à la coordinatrice culturelle… et les personnes intéressées se sont inscrites. En l’occurrence, lors de ces ateliers, les participants ont choisi de suivre l’atelier sur leur temps de promenade.

Le jour J

L’atelier a été réalisé sur l’estrade d’une salle de conférence. Neuf personnes ont participé, de quoi faire deux tables. Elles avaient des âges très différents. Il n’y avait pas de gardien, comme le demande Champ Libre. “Tant mieux, cela aurait été bizarre d’avoir quelqu’un qui regarde au-dessus de nos épaules” indique Alexis. L’ambiance était sympa, chaleureuse et conviviale. 

J’ai déroulé l’atelier de manière assez classique” précise Alexis. Le format participatif a pu surprendre au premier abord mais j’ai vraiment apprécié l’implication et le dynamisme des participants pris dans la dynamique de l’atelier. Ceux qui étaient le plus à l’aise avec le sujet et le français aidant les autres à mieux comprendre.”

Concernant le débrief, il l’a animé comme un cercle de parole pour avoir le plus d’échanges possible entre tous les participants. Ceux-ci se projetaient sur ce qu’implique le changement climatique dans leur “vie en dehors de l’établissement”.

Des retours positifs des participants

Ils étaient curieux et ouverts. Certains ont évoqué la satisfaction et l’intérêt de mieux comprendre ce qu’est le changement climatique. Cela leur permettra d’expliquer les raisons de certaines mesures politiques à leurs proches. On les accepte mieux quand on comprend leur nécessité. 

Ils ont chaleureusement remercié Alexis. L’un d’entre eux était particulièrement reconnaissant car il a acquis énormément de connaissances. D’après lui, il n’aurait pas eu l’occasion de participer à un tel atelier en dehors de la prison. Un autre avait de la gratitude pour le temps qu’Alexis et Sophie ont pris pour eux en plein week-end. 

L’atelier crée de la convivialité, du partage et des échanges qu’ils ont appréciés. 

Alexis est heureux d’avoir pu fresquer des personnes isolées

Animer en prison, c’est assez similaire à fresquer le grand public ! Certes, l’environnement est différent mais la Fresque est la même, les questions sont proches… et ces personnes peuvent en être ambassadeurs comme les autres ! Ces personnes ne sont pas totalement exclues de la société, elles ont des familles, des ami·e·s, ce sont des citoyens qui votent et qui retrouveront un jour une vie hors des murs et pourront impacter nos choix de société.” 

Alexis en est convaincu et envisage de prolonger ce projet à Bois d’Arcy et de le proposer à des prisons en Île-de-France ainsi que dans le Pays Basque où il habite.

Et toi ? Ça te tente ?

Si tu souhaites en discuter avec Alexis pour participer à ce projet, n’hésite pas à le contacter : altartiko@pm.me 

Si tu souhaites te rapprocher de Champ Libre, le site de l’association est accessible ici

Merci à Alexis pour ce partage d’expérience, à Champ Libre pour avoir offert la possibilité de faire une Fresque dans cet établissement, à Sophie pour son accompagnement et aux Fresqu’amies pour leur présence au côté de la Fresque du Climat !