Sans appel, implacable, terrifiant, glaçant. La litanie des qualificatifs accolés à chaque publication du GIEC paraît immuable, et, en toute franchise, assez désespérante, lorsqu’on voit les suites qui leur sont données. Le dernier en date, qui porte sur les impacts du réchauffement climatique et l’adaptation, ne semble pas faire exception.
Pourtant, les trois volets du 6e rapport du GIEC (le troisième arrive le 4 avril), constituent une opportunité unique pour – enfin – inscrire à l’agenda démocratique le débat sur les trajectoires d’adaptation les plus justes possible et sur les moyens à engager. De ce débat, nous n’avons pour l’instant que l’avatar désolant des affrontements binaires sur des options techniques (nucléaires vs ENR, vélo vs SUV), qui réduisent l’adaptation à la transition énergétique, elle-même assimilée à la production d’électricité. Mais quid des facteurs structurels qui contraignent l’action individuelle et sous-tendent les vulnérabilités climatiques ? Quid des transformations systémiques, qui concernent tous les secteurs productifs, territoires et acteurs sociaux et économiques ? Quid de la diversité des options d’adaptation, au-delà de la pseudo-panacée technologique ? Quid de la distribution équitable des efforts et du soutien aux plus fragiles ?
Le message du GIEC, mais aussi du Haut conseil pour le climat, est clair. Toutes les politiques et toutes les décisions économiques, fiscales, sociales, tous les niveaux de gouvernance et toutes les parties prenantes doivent intégrer le climat qui change. Ce dernier est en effet un risque global et systémique, qui menace nos organisations sociales et nos démocraties. C’est donc un problème éminemment politique, qui nécessite d’opérer des arbitrages, d’effectuer des compromis, de décider d’une juste répartition des coûts et des éventuels bénéfices.
Si, comme le dit le poète, le chemin se construit en marchant, encore faut-il vouloir avancer. Le GIEC nous offre une boussole. La science nous dit que nous avons encore la possibilité de choisir un futur désirable, mais que plus nous tardons à agir, plus les options se réduisent. On ne le répètera jamais assez, chaque dixième de degré compte.